SOIREE DEDICACE A L’AGENCE DES ENFANTS ROUGES PLACE DES VOSGES
PARIS TRANSFORME LE MARAIS 1900 1980 EDITIONS CREAPHIS |
Quelle évolution spectaculaire, lorsque l’on a à l’esprit que ce quartier de Paris est maintenant l’un des plus recherché et des plus chers au mètre carré de la capitale !
Lire l'article du site "METROPOLITIQUES" :
https://www.metropolitiques.
CARTE DE L ILOT 16 |
La destruction ou le réaménagement de ces quartiers ont très
vite paru indispensables . Ils ne seront pourtant rénovés que très
progressivement, au point que leur liste guidera les projets de
transformation de Paris tout au long du siècle et en particulier après la seconde guerre mondiale
Des quartiers aujourd’hui parmi les plus touristiques faisaient partie de cette catégorisation particulière: par exemple l’ îlot no 1 le quartier Saint Merri et le plateau Beaubourg (75004) ; rasé en partie dès les années 1930, il est longtemps resté à l'état de parc de stationnement avant d'être remplacé dans les années 1970 par le centre George Pompidou et le quartier de l'horloge
Après avoir longtemps servi de parking aux Halles, il accueillera le centre Pompidou, chef-d’oeuvre de l’architecture contemporaine signé Renzo Piano et Richard Rogers, inauguré en 1977.
La rénovation de l’îlot 16, situé au cœur de Paris commence en 1920 avec pour objectif de résorber l’insalubrité. L’opération débute dans les années 1940 et se prolonge jusque dans les années 1970-1980.
Entretemps grâce à la loi
de 1962, l’îlot 16 est intégré au secteur sauvegardé -Le Marais- pour contrer
les effets néfastes de la rénovation urbaine en le préservant de la tabula
rasa. L’ouvrage d’Isabelle
Backouche nous renseigne par le menu sur l’ampleur et les étapes de ce
réaménagement, leur évolution sur plusieurs décennies, les procédures mises en
place et leurs impacts sur la vie des habitants de ces quartiers populaires. la
narration de luttes d’habitants et de commerçants tentant d’échapper à
l’expropriation ou contestant le montant de leur indemnisation.
Faute d’argent pour
exproprier et indemniser propriétaires et locataires et a fortiori pour faire
les travaux, l’îlot 16 dont les immeubles ne sont pas entretenus, reste intact
dans l’entre-deux-guerres. Tout s’accélère en décembre 1941 sous l’Occupation.
« Les autorités considèrent ce quartier comme un ghetto juif rempli d’immigrés
d’Europe orientale qu’on ne peut pas tolérer au coeur de Paris. Voilà pourquoi
les pouvoirs publics veulent changer la sociologie du secteur », résume
Isabelle Backouche qui souligne ce point crucial : « Sous couvert de préserver
le bâti ancien, c’est sous Vichy que la plupart des immeubles ont été achetés
par la préfecture de la Seine (à l’époque, Paris est un département) ».
Etonnament, cette
politique d’expropriation avant restauration se poursuit après-guerre et
jusqu’en 1962, année où la loi Malraux de protection des centres urbains
anciens est adoptée. « En 1962, la Ville possède la totalité de l’îlot 16 qui
sera intégré au secteur sauvegardé du Marais en 1965. Aujourd’hui encore, ses
immeubles sont gérés par la RIVP (Régie immobilière de la Ville de Paris) ou la
SAGI (Société anonyme de gestion immobilière) », précise Isabelle Backouche.
« Jusque dans les années
1980, le Marais était un quartier pourri ! » s’exclame encore l’historienne qui
cite le cas de cette habitante de la rue Charlemagne qui en 1969, n’a toujours
pas l’eau courante dans son logement. Victimes des opérations
d’expropriation-rénovation qui remettent en valeur les hôtels particuliers des
XVIIe et XVIIIe siècles, artisans et ouvriers quittent le
coeur de la capitale. « Ainsi disparaît le Paris populaire », remarque Isabelle
Backouche. Plutôt pessimiste sur l’avenir de ce secteur du Marais devenu l’un
des plus chers au m2, elle conclut : « En accélérant sa
transformation en centre commercial patrimonial pour attirer les touristes au
détriment des Parisiens, le classement du quartier en ZTI (zone touristique
internationale) va lui donner le coup de grâce ».
Pour rappel : les
secteurs sauvegardés du Marais et du 7e arrondissement ne sont pas régis par le
Plan local d’urbanisme comme le reste du territoire communal, mais par des
plans de sauvegarde et de mise en valeur (PSMV).
Les secteurs sauvegardés
sont issus de la loi Malraux de 1962. Les PSMV visent à éviter la disparition
du patrimoine historique ou son atteinte irréversible en favorisant sa
restauration et sa mise en valeur (tout en permettant son évolution).
Pour rappel: il existe deux PSMV à
Paris : un dans le Marais, et un dans le 7e arrondissement.
Le temps traversé
s’imbrique avec celui de l’occupation allemande, les lois juives (l’absence de
certains occupants pour cause de déportation, la fragilité de ceux qui restent
sont officiellement considérées comme des facilités pour vider les immeubles à
moindre coût), puis les années 1960-1970 voient l’organisation de luttes pour
s’opposer aux décisions du pouvoir.
Le livre entreprend de démonter les mécanismes à la fois
juridiques (avec les armes de l'expropriation et de l'expulsion), techniques
(programmes, projets) et politiques (autorité des opérateurs, résistances
diverses) et permet de mieux comprendre comment la notion même d'insalubrité a
été instrumentalisée, souvent infondée et étendue bien au-delà des immeubles
réellement concernés
Cette histoire s'inscrit dans une moyenne durée, au XXe
siècle, dans laquelle des ruptures événementielles importantes (guerres,
Occupation, changements politiques) et une évolution sociétale liée aux
changements plus profonds, ont lieu. Ainsi le rôle de l'Administration à toutes
les échelles, Etat, région, Ville de Paris et département de la Seine était
l'objet de fines analyses. Ce qui est ici novateur c'est aussi l'affirmation
d'une histoire sociale des architectes avant, pendant et après Vichy qui inscrit
leur travail dans les conditions sociales de leur temps. Ainsi l'évocation de
ghetto montre une grand diversité de situations et des géométries variables en
termes de résistance. Autant de pièces d'un puzzle que l'historienne cherche à
reconstituer plutôt que de se contenter de confirmer par les discours des
acteurs ce qui semble être du "bon sens" à l'aune de nos manières de
penser au XXIe siècle.
Isabelle Backouche à gauche pendant la conférence à l'agence des ENFANTS ROUGES PLACE DES VOSGES |
Cette méthode exigeante
Backouche l’affine de livres en livres, Paris transformé s’inscrivant
notamment dans la droite ligne de La trace du fleuve. La Seine et Paris
et Aménager la ville. Les centres urbains français entre conservation et
rénovation (de 1943 à nos jours).
C/F article Mediapart :
https://blogs.mediapart.fr/sylviegroueff/blog/010916/paris-transforme-le-marais-1900-1980-de-lilot-insalubre-au-secteur-sauvegarde
Agence LES ENFANTS ROUGES 17 PLACE DES VOSGES
www.agencedesenfantsrouges.com
Contact Nathalie : 06 60 69 77 67
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