Saturday, June 1, 2019

Séance "Dédicace" à l'agence des ENFANTS ROUGES, place des Vosges


SOIREE DEDICACE A L’AGENCE DES ENFANTS ROUGES PLACE DES VOSGES
PARIS TRANSFORME LE MARAIS 1900 1980 EDITIONS CREAPHIS
PARIS TRANSFORME LE MARAIS 1900 1980 EDITIONS CREAPHIS
Pour fêter l’ouverture de l’Agence des Enfants Rouges au 17 place des Vosges, une soirée « spéciale dédicace a été organisée, le 23 mai: Isabelle Backouche directrice d’études à l’EHESS et historienne spécialiste de l’urbanisme et de l’histoire de Paris à travers plusieurs ouvrages est venue dédicacer son dernier livre « Paris transformé, Le Marais 1900-1980: de l'îlot insalubre au secteur sauvegardé  » Editions CREAPHIS une enquête minutieuse qui retrace l’histoire haute en couleurs de l’Ilot 16, qui recouvre un vaste territoire dans le IVème arrondissement partant des Quais de Seine à la rue François Miron et St Antoine, îlot réputé insalubre de même que 17 autres îlots à Paris 
Quelle évolution spectaculaire, lorsque l’on a à l’esprit que ce quartier de Paris est maintenant l’un des plus recherché et des plus chers au mètre carré de la capitale !
Lire l'article du site "METROPOLITIQUES" :
https://www.metropolitiques.eu/Paris-transforme-histoire-s-occultee-s.html


L ILOT 16 CONFERENCE SUR PARIS TRANSFORME LE MARAIS
CARTE DE L ILOT 16
Dès le début du 20ème siècle ont été mis en évidence des problèmes d'hygiène dans certains quartiers de Paris. Les spécialistes mandatés par les pouvoirs publics ( la préfecture ) faisaient correspondre l'apparition de cas de tuberculose à la trop forte densité et en particulier à l'étroitesse des voies de circulation par rapport à la hauteur des immeubles. Le Conseil municipal du 8 mars 1906 a ainsi créé une liste de six îlots « tuberculeux » ou insalubres, qui s'étendra à dix-sept îlots après la première guerre mondiale 

La destruction ou le réaménagement de ces quartiers ont très vite paru indispensables . Ils ne seront pourtant rénovés que très progressivement, au point que leur liste guidera les projets de transformation de Paris tout au long du siècle et en particulier après la seconde guerre mondiale


Des quartiers aujourd’hui parmi les plus touristiques faisaient partie de cette catégorisation particulière: par exemple l’ îlot no 1  le quartier Saint Merri et le plateau Beaubourg (75004) ; rasé en partie dès les années 1930, il est longtemps resté à l'état de parc de stationnement avant d'être remplacé dans les années 1970 par le centre George Pompidou et le quartier de l'horloge 
Après avoir longtemps servi de parking aux Halles, il accueillera le centre Pompidou, chef-d’oeuvre de l’architecture contemporaine signé Renzo Piano et Richard Rogers, inauguré en 1977.
La rénovation de l’îlot 16, situé au cœur de Paris commence en 1920 avec pour objectif de résorber l’insalubrité. L’opération débute dans les années 1940 et se prolonge jusque dans les années 1970-1980.


Entretemps grâce à la loi de 1962, l’îlot 16 est intégré au secteur sauvegardé -Le Marais- pour contrer les effets néfastes de la rénovation urbaine en le préservant de la tabula rasa. L’ouvrage d’Isabelle Backouche nous renseigne par le menu sur l’ampleur et les étapes de ce réaménagement, leur évolution sur plusieurs décennies, les procédures mises en place et leurs impacts sur la vie des habitants de ces quartiers populaires. la narration de luttes d’habitants et de commerçants tentant d’échapper à l’expropriation ou contestant le montant de leur indemnisation.

Faute d’argent pour exproprier et indemniser propriétaires et locataires et a fortiori pour faire les travaux, l’îlot 16 dont les immeubles ne sont pas entretenus, reste intact dans l’entre-deux-guerres. Tout s’accélère en décembre 1941 sous l’Occupation. « Les autorités considèrent ce quartier comme un ghetto juif rempli d’immigrés d’Europe orientale qu’on ne peut pas tolérer au coeur de Paris. Voilà pourquoi les pouvoirs publics veulent changer la sociologie du secteur », résume Isabelle Backouche qui souligne ce point crucial : « Sous couvert de préserver le bâti ancien, c’est sous Vichy que la plupart des immeubles ont été achetés par la préfecture de la Seine (à l’époque, Paris est un département) ».

Etonnament, cette politique d’expropriation avant restauration se poursuit après-guerre et jusqu’en 1962, année où la loi Malraux de protection des centres urbains anciens est adoptée. « En 1962, la Ville possède la totalité de l’îlot 16 qui sera intégré au secteur sauvegardé du Marais en 1965. Aujourd’hui encore, ses immeubles sont gérés par la RIVP (Régie immobilière de la Ville de Paris) ou la SAGI (Société anonyme de gestion immobilière) », précise Isabelle Backouche.

« Jusque dans les années 1980, le Marais était un quartier pourri ! » s’exclame encore l’historienne qui cite le cas de cette habitante de la rue Charlemagne qui en 1969, n’a toujours pas l’eau courante dans son logement. Victimes des opérations d’expropriation-rénovation qui remettent en valeur les hôtels particuliers des XVIIe et XVIIIe siècles, artisans et ouvriers quittent le coeur de la capitale. « Ainsi disparaît le Paris populaire », remarque Isabelle Backouche. Plutôt pessimiste sur l’avenir de ce secteur du Marais devenu l’un des plus chers au m2, elle conclut : « En accélérant sa transformation en centre commercial patrimonial pour attirer les touristes au détriment des Parisiens, le classement du quartier en ZTI (zone touristique internationale) va lui donner le coup de grâce ».

Pour rappel : les secteurs sauvegardés du Marais et du 7e arrondissement ne sont pas régis par le Plan local d’urbanisme comme le reste du territoire communal, mais par des plans de sauvegarde et de mise en valeur (PSMV).
Les secteurs sauvegardés sont issus de la loi Malraux de 1962. Les PSMV visent à éviter la disparition du patrimoine historique ou son atteinte irréversible en favorisant sa restauration et sa mise en valeur (tout en permettant son évolution).

Pour rappel: il existe deux PSMV à Paris : un dans le Marais, et un dans le 7e arrondissement.

Le temps traversé s’imbrique avec celui de l’occupation allemande, les lois juives (l’absence de certains occupants pour cause de déportation, la fragilité de ceux qui restent sont officiellement considérées comme des facilités pour vider les immeubles à moindre coût), puis les années 1960-1970 voient l’organisation de luttes pour s’opposer aux décisions du pouvoir. 

Le livre entreprend de démonter les mécanismes à la fois juridiques (avec les armes de l'expropriation et de l'expulsion), techniques (programmes, projets) et politiques (autorité des opérateurs, résistances diverses) et permet de mieux comprendre comment la notion même d'insalubrité a été instrumentalisée, souvent infondée et étendue bien au-delà des immeubles réellement concernés

Cette histoire s'inscrit dans une moyenne durée, au XXe siècle, dans laquelle des ruptures événementielles importantes (guerres, Occupation, changements politiques) et une évolution sociétale liée aux changements plus profonds, ont lieu. Ainsi le rôle de l'Administration à toutes les échelles, Etat, région, Ville de Paris et département de la Seine était l'objet de fines analyses. Ce qui est ici novateur c'est aussi l'affirmation d'une histoire sociale des architectes avant, pendant et après Vichy qui inscrit leur travail dans les conditions sociales de leur temps. Ainsi l'évocation de ghetto montre une grand diversité de situations et des géométries variables en termes de résistance. Autant de pièces d'un puzzle que l'historienne cherche à reconstituer plutôt que de se contenter de confirmer par les discours des acteurs ce qui semble être du "bon sens" à l'aune de nos manières de penser au XXIe siècle.


ISABELLE BACKOUCHE AUX ENFANTS ROUGES PLACE DES VOSGES
Isabelle Backouche à gauche pendant la conférence à l'agence des ENFANTS ROUGES PLACE DES VOSGES
Cette méthode exigeante Backouche l’affine de livres en livres, Paris transformé s’inscrivant notamment dans la droite ligne de La trace du fleuve. La Seine et Paris et Aménager la ville. Les centres urbains français entre conservation et rénovation (de 1943 à nos jours).

C/F article Mediapart :
https://blogs.mediapart.fr/sylviegroueff/blog/010916/paris-transforme-le-marais-1900-1980-de-lilot-insalubre-au-secteur-sauvegarde

AGENCE LES ENFANTS ROUGES 17 PLACE DES VOSGE
Agence LES ENFANTS ROUGES 17 PLACE DES VOSGES
www.agencedesenfantsrouges.com
Contact Nathalie : 06 60 69 77 67







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